Les enjeux

Alter Natives a été créée en 2010 par des professionnels de la conservation – restauration d’objets patrimoniaux et de la gestion de projets culturels en réponse à certains de leurs questionnements. En effet, le constat de la persistance des divisions sociales au sein de nos sociétés multiculturelles contemporaines les a conduits à se demander dans quelles mesures les institutions patrimoniales contribuent ou non à lutter contre l’exclusion. De plus, il leur a semblé judicieux de s’interroger sur le rôle des héritages culturels (matériels et immatériels, consensuels ou non) dans des actions visant à développer les liens sociaux. Partant de ces constats et réflexions initiales, l’association a fondé son action sur la conviction que le patrimoine constitue un outil majeur de la cohésion sociale et du développement de la citoyenneté. Il s’agit alors de prendre en compte la diversité de ces héritages culturels et d’en développer les usages sociaux par une approche participative et inclusive.

Les principes d’intervention

La démarche inclusive et participative consiste à mettre en place une véritable collaboration entre les divers acteurs réunis autour de projets socioculturels. Alter Natives souhaite ainsi permettre à des acteurs habituellement éloignés de se rencontrer, d’échanger et d’être impliqués dans un projet commun de façon la plus égalitaire possible, en partageant les responsabilités et les prises de décisions entre l’association, les institutions patrimoniales et culturelles, les chercheurs, des jeunes et des citoyens plus âgés.

L’association expérimente et développe ainsi des projets destinés en premier lieu à des jeunes âgés de 14 à 21 ans. La participation des jeunes est centrale dans chacun de ces projets où ils travaillent, à partir des usages sociaux d’héritages culturels variés, sur des fractures sociales, culturels et intergénérationnelles. Les participants sont formés à utiliser les héritages communs, aussi bien consensuels que conflictuels, comme outils permettant d’améliorer les liens sociaux.

De multiples projets 

Nous développons des activités de type éducation populaire et socio-culturelles (ateliers, soirées-débats, rencontres, séjours culturels en France et à l’étranger, visites, colloques…) tout en intégrant dans notre dynamique une large ouverture vers l’international.

Le programme Zone de Contact/Objets d’ailleurs

Ce programme découle de l’expérience précédente, le projet Zone de Contact/Périchaux devant! (http://www.alter-natives.org/zone-de-contact-perichaux-devant/). Il s’appuie sur la thématique du parcours et de l’acquisition des objets extra-européens par les musées européens pour ainsi apporter une approche alternative et expérimenter de nouvelles pratiques institutionnelles en replaçant les objets dans leurs contextes géographiques et historiques, tout en développant une méthodologie inclusive et participative. Ce programme développe de nombreux projets: 

• Retour sur Benin City: dispositif de performance dans les musées autour de l’histoire de Bronzes nigérians de Benin City, pillés lors du sac britanniques du palais du royaume Edo en 1897. Les jeunes du groupe Zone de Contact effectuent un travail de recherche sur l’histoire de l’acquisition de ces objets afin de réaliser des performances restituées dans les musées européens. Ces performances ont été jouée pour la première fois à Dresde, puis à Vienne et Montreuil.
• Mobiles Mémoires: projet d’atelier créatif vidéo adressé à des jeunes franciliens et de jeunes habitants de 3 villes portuaires maritimes de France (La Rochelle, Nantes, Le Havre) autour des thématiques de la  migration, de translocation et d’échanges multiculturels. Il s’agit de séjours de 8 jours où les jeunes participants rencontreront des professionnels de la culture et de l’histoire, des habitants et des jeunes qui vivent dans ces villes. A chaque séjour, 4 groupes mixant les franciliens et les habitants de ces villes portuaires seront constitués, permettant de préparer 4 courts-métrages.
• Multi histoire Afrique: dans le prolongement du projet Retour sur Benin City, les jeunes participants souhaitent poursuivre leur questionnement sur l’histoire de ces acquisitions et saisissent la formidable opportunité la réouverture du débat sur la restitution du patrimoine africain pour construire une nouvelle relation avec les jeunes africains. Multi Histoire Abomey se prépare et sera réalisé en octobre à Abomey au Bénin (http://www.alter-natives.org/multi-histoire-abomey/). Dans une approche multi historique, ces jeunes vont confronter des sources coloniales françaises à des sources mémorielles et orales béninoises et cet échange sera restitué par une exposition et un film afin de déconstruire les représentations discriminantes sur les royaumes d’Afrique de l’Ouest. Le projet pilote Multi Histoire Sénégal donnera lieu à une rencontre en 2020.